- Je suis en plein maquettage d'un livre autour des fameuses éditions ROA qui reprendra tout mon trav... euh... reprenons.
- Je disais donc que je suis en plein maquettage d'un livre autour des fameuses éditions ROA qui reprendra toute... LA COLLECTION d'un certain Alain Chevrel, grand spécialiste (le plus grand d'ailleurs, voire le seul ?) des défuntes éditions d'illustrés de son enfance.
Il y aura toutes les couvertures et planches présentées sur son blog (abandonné en l'état depuis un an), plus un certain nombre d'inédits et d'originaux savoureux. Comme il est un peu tôt dévoiler de quoi cela aura l'air (parution prévue vers juin aux éditions Mosquito), je vais vous causer un peu animation en attendant.
Je vais commencer tout bientôt un travail de coloriste/décorateur en collaboration avec l'illustrateur jeunesse Thierry Nouveau, dans le cadre de la réalisation d'un court-métrage d'animation commandé par France-Télécom.
Nous avons réalisé un premier test concluant d'animation avec le réalisateur Pierre Bouchon à partir d'un crayonné-test de Thierry.
En voici ma mise en couleur, étape par étape.
1 - dessin brut.
On commence par le dessin de Thierry - une scène de marais - où les traits se superposent volontairement.
Dans la version définitive, il faut imaginer que chaque plan est séparé sur un calque à part, depuis la partie la plus lointaine (ciel) vers l'élément le plus proche du spectateur (tiges de roseaux à gauche).
2 - Arrière-plan.
C'est le même principe qu'au théâtre : le décor de fond est peint sur une fresque dans le fond avec des éléments mobiles placés plus ou moins vers l'avant de la scène, afin de permettre aux acteurs d'évoluer comme ils le souhaitent entre eux, et donner cette impression de profondeur au public.
Pour le dessin animé aussi, les personnages animés (séparés sur des celluloïds) évoluent image par image, avant d'être soigneusement placés un par un dans le décor et à la profondeur qui leur correspond.
3 - Fond rapproché.
Arrivent la mer et le soleil. L'intérêt de les séparer du ciel est qu'un bateau peut surgir de l'horizon, et de déplacer le soleil si le plan d'animation le demande (story-board).
4 - Eléments de premier-plan plus éloignés.
Interviennent ensuite de nouveaux éléments entre lesquels l'animation pourra se jouer. Imaginons une barque venue du lointain. Elle pourra être animée DEVANT le calque où se trouve la mer... et DERRIERE celui où est délimitée l'île. Nous pourrons donc la faire disparaître au moment où elle naviguera au niveau de l'arbre du deuxième-plan.
5 - Eléments de premier-plan moyens.
J'imagine que vous avez compris le principe : ceux qui pratiquent Photoshop sont familiers de cette logique de disposition arrière-avant plan par plan, comme un mille feuille transparent vu du dessus, où seuls les éléments placés tout "en haut" sont complètement visibles.
6 - Eléments de premier-plan.
L'intérêt de coloriser ENTIEREMENT chaque plan, c'est à dire de ne pas interrompre ma mise en couleur dans des endroits que l'on ne verra à priori pas (comme la mer derrière le tronc du gros arbre, ou derrière les rochers que je viens d'ajouter), ets justement qu'à l'inverse d'une image fixe, il est fort possible que le réalisateur décide de zoomer dans l'image. Dans ce cas, il peut avoir besoin d'éloigner les divers éléments qui la composent vers la gauche ou vers la droite, suivant le chemin subjectif qu'il veut faire suivre à sa caméra.
7 - Eléments de premier-plan ++.
Dernière découpe de plan, les roseaux, qu'on peut parfaitement imaginer se voir imprimer un léger mouvement de gauche à droite dû au vent.
Vous noterez que je m'attache à séparer clairement les plans en jouant à la fois sur des contrastes de couleurs chaudes à l'arrière... et froides à l'avant. Le fond (là où se déroulera l'animation et où je souhaite donc attirer le regard) est clair et coloré, là où le premier-plan (sombre et froid) sert plus d'encadrement. Cela peut donner cette impression que les protagonistes sont épiés. Cet effet sera, si le réalisateur le souhaite, renforcé par l'ajout de mouvement de caméra (accroupissement de l'oeil de caméra devenu subjectif), puis d'autres effets (musique apropriée, ajout de la bande sonore d'une respiration...).
Couleur seule