Bonjour à tous !
Il est temps d'en finir : Bas les masques !
J'imagine que nombre d'entre vous sont au courant que pendant un an et demie, je me suis caché pour les besoins d'un blog derrière l'identité d'un certain Alain Chevrel personnage fictif inventé pour les besoins de ma bande dessinée" Tom et William" (éd. Le Lombard - en vente dans toutes les bonnes crèmeries).
Entre autres personnages présentés dans cette histoire, on y trouve donc cet alter-ego : Alain Chevrel. Ce jeune retraité est un collectionneur de ces fameuses petites bandes dessinées en noir et blanc, type AKIM, ZEMBLA, Cap'tain SWING ou TEX WILLER.
Pour la petite histoire, son nom est composé du prénom d'un ancien collègue (Alain ROUAULT), et du patronyme d'un autre (Jean-Pierre CHEVREL). Souvenir d'une autre vie où je gagnais ma vie comme peintre industriel dans une miroiterie.
Dans Tom et William, il est question de nostalgie. Nostalgie de l'enfance qui s'envole. Nostalgie aussi de ces fameuses petites BD (ou Petits Formats, BD de gare, pockets... appelez-les comme vous voulez !) qui ont fleuri pendnat une trentaine d'années. Tout ça au travers de Tom, un gosse de 6 ans, qui a le pouvoir d'invoquer 10 de ses héros-fétiches, tous sortis des bandes dessinées sus-citées comme Alladin avec le génie de sa lampe.
La problématique pour que fonctionne cette histoire de bande dessinée où débarquent des personnages de bande dessinée, était pour moi de dissocier dans mon histoire les gens comme vous et moi... des héros de BD matérialisés par magie dans leur monde à eux, héros de BD qu'ils perçoivent comme tels.
Dans l'absolu, j'aurai évidemment adoré utiliser les vrais AKIM, BLEK le ROC, Sergent ROCK, ou autres BATTLER BRITTON. Mais pour des raisons évidentes de droits d'utilisation des personnages, ce n'était pas envisageable (sans compter que les amateurs n'auraient pas apprécié qu'on s'approprie et détourne leurs héros).
Et puis je voulais me réserver le droit de "tuer" certains de ces personnages dans mon histoire. Parce qu'à la différence des séries dans lesquelles ils triomphent éternellement, je souhaitais justement les inscrire dans un contexte plus... disons réaliste (faute de mieux), où la violence a des conséquences parfois tragiques.
Et comme ces héros représentaient chacun un archétype de héros (cow-boy, G.I., Chevalier, homme de la Jungle, Pirate...), il ne me restait donc plus qu'à créer de toute pièce un petit panthéon de héros "plus vrais que les vrais". Lisez-moi ça à voix haute, c'est de la poésie ! :
Shériff JIM COLT; Chevalier PANACHE; Sgt GACHETTE; ZANTHAR; TCHING-TCHANG, GORAK; COSMICMAN; Pirate SKULL; GUNNAR le Barbare; Le SURVIVANT.
Pas mal, non ? On dirait presque du Stan Lee !
Et pour les réunir tous sous une même bannière, une maison d'édition s'imposait. Mon Marvel à moi, en somme.
Ainsi, sur le modèle des noms des vraies maisons d'édition de petits formats d'alors, noms aux consonnances latines un peu guerrières (et pompeuses) - Lyon (Lugdunum en latin) avait les éditions LUG et IMPERIA, tandis que Paris avait (entre autres) les éditions LUTECE. Qu'à cela ne tienne ! Ma ville Rennes aurait elle aussi sa traditionelle maison d'édition de Petits Formats. Et puisque le nom latin de Rennes était CONDATE (je ne pouvais de fait pas décemment prendre sur le modèle LUG, les 3 premières lettres de ce nom pour nommer mes éditions), décision était prise. Le nom serait les 3 premières lettres de Rennes en Breton : Roazhon... Voilà comment sont nées Les éditions ROA !
Mais il leur manquait encore un certain degré de "réalité", à mes fichues éditions fictives. Il leur fallait un catalogue de héros à la hauteur des vraies... Et puis des dessinateurs maison aussi ... et un scénariste omniprésent et hyper-prolifique : John KING.
Et puis leur insuffler une envergure nationale (plus le Maroc, la Suisse et la Belgique) ! Car après tout : n'est-ce pas là le travail de tout romancier ou auteur de BD (biographies exceptées) : Incarner au seul moyen d'encre couchée sur le papier... ce qui n'existe pas en réalité !
Puisque l'un des personnages de Tom et William (le fameux Alain Chevrel) est lui-même un fin amateur de cette maison d'édition, j'ai eu l'idée en parallèle de l'album de lui prêter un blog (que j'ai créé dans la foulée). Ce blog avait en premier lieu un double rôle :
- Développer l'existence des héros appelés dans l'histoire par Tom.
- Evoquer plus largement, à travers quelques 81 chroniques d'Alain, de cette culture immensément large qu'est le monde du Petit Format - genre largement ignoré, voire méprisé.
Ainsi est né en 2009 le blog d'Alain Chevrel, blog entièrement dédié à la mémoire des défuntes éditions ROA (1949-1984) et tous ses héros.
Je l'ai alimenté patiemment et en toute tranquillité de fausses planches et fausses couvertures (comme vous pouvez le voir un peu partout autour de ces lignes), suivant le modèles des originaux avec lesquels j'avais moi-même grandi.
Mon "plan" commençait alors à prendre forme, accumulant de la matière, entièrement créée sous Photoshop.
En début d'année 2010, une fuite aussi volontaire que spontanée (sous forme d'un commentaire laissé par votre serviteur le 4 février suite à une chronique du blog de J.P. DIONNET), a amené 10 jours plus tard un inscrit "dbruant" du forum PIMPF (paradis des pointus des BD et littératures populaires) a ouvrir une discussion autour de ces mystérieuses éditions ROA. Moi qui ne fréquentais alors aucun forum, n'était pas au courant de ce qui se passait.
J'ai été mis au courant par le coup de fil de Vasco, membre de ce forum qui avait reconnu dans la signature apposée en clin d'oeil sur la couverture de SKULL "Stefano Duvalli", notre ami commun Stéphane DUVAL. De là, Stéphane qui est au courant de ma démarche depuis le début lui a donné mes coordonnées.
C'est ainsi que j'ai découvert avec un immense plaisir sur le forum PIMPF les commentaires avisés d'amateurs d'abord perplexes, remonter rapidement l'enquête jusqu'à moi.
Il est important à ce stade des choses de préciser un point : Je n'ai jamais eu l'intention de faire préexister le blog à l'album ! Je n'ai jamais non plus imaginé, ni prémédité la gentille confusion que la découverte du blog d'Alain Chevrel provoquerait : En laissant ce commentaire sur le blog de Dionnet... J'imaginais, au mieux, que ce serait Jean-Pierre Dionnet lui-même qui irait y faire un tour ! L'avis sur mon travail de la part du fin connaisseur de ces genres qu'on dit Mauvais sur France-Culture m'intéressait, voilà tout ! Pour avoir enfin rencontré Dionnet à Nantes quelques mois plus tard, celui-ci m'a d'ailleurs confirmé qu'il n'avait alors pas lu mon commentaire.
Quoi qu'il en soit, le mois suivant (mars) allait sortir "Tom et William". Moi j'imaginais que l'adresse du blog, laissée négligemment à la fin de l'album parmi les notes du journal d'Alain, serait peut-être consultée sur internet par les plus curieux, et qu'ils y trouveraient une sorte de cadeau-bonux, sous la forme d'un travail complémentaire totalement gratuit !
Parce que outre créer le fameux buzz internet si précieux aujourd'hui quand on sort un premier album, mon idée était d'utiliser ce blog pour boucler la boucle temporelle : A savoir passer le relais de l'album vers le blog... puis de la fin du blog (vendredi dernier - 24 sept 2010.) vers l'album à nouveau (mais avec cette fois-ci un éclairage neuf sur l'histoire) !
Evidemment, je ne tenais pas à m'étendre là-dessus (je l'avais déjà fait à 2 reprises dans les magazines COMIC-BOX en mars, puis dans le CASEMATE de juillet). Et puis pour reprendre un bon mot d'Alphonse Allais (Je cite de mémoire) - " Un type obligé d'expliquer la chute de sa blague... C'est comme un chasseur qui est obligé d'aller chercher lui-même au milieu d'un étang le canard qu'il vient de tirer".
Mais il se trouve que la chute du blog en question (un faux-article de Ouest-France, relatant un prétendu accident de la circulation qui donne le départ de l'album), révélation finale prévue il y a aujourd'hui plus d'un an, en a déconcerté plus d'un. Certains m'ont même prêté des intentions cyniques, au vu du réalisme du dernier document présenté. D'autres se sont un peu mélangés les pinceaux (comment leur en vouloir, puisque j'avais effectivement tout fait pour provoquer cette confusion réalité/fiction), et ont pensé qu'Alain Chevrel ou moi-même avait réellement eu un accident très grave.
Je suis vraiment embêté à l'idée qu'on se figure que je joue sciemment avec les sensibilités : Ce n'était ni mon intention, ni encore moins ma nature !
C'est vrai que j'ai tout fait pour rendre le blog et la personnalité d'Alain Chevrel crédibles... Parce que je crois que la crédibilité des personnages d'une histoire, quel que soit par ailleurs son degré de fantaisie, est l'ingrédient indispensable pour qu'on y "croit"! Je suis aussi un peu parti du principe que tout les gens qui ont fréquenté le blog ROA savaient que c'était là avant tout une lettre d'amour d'un fan de petits formats à ses lectures d'enfance. J'ai un peu multiplié aussi les références "clin d'oeil", comme cette dernière couverture publiée avec ma tronche en joueur de foot sur un autocollant "Vache Qui Rit", pour "signer" le truc, et enlever tout doute : ( voir couverture Panache ci-dessous).
Finalement (on y arrive !) j'ai décidé ce matin d'enlever la photo du faux article incriminé. Car je crois qu'il était extrêmement maladroit de ma part, même si je n'en ai pas eu le moindre début d'intention, de vouloir faire réaliste coûte que coûte. L'article en lui seul boucle aussi bien l'histoire d'Alain et de son blog.
Je suis donc désolé si certains ont été attristés "pour de vrai", je pense en particulier à Fred Boot, Totoche et Jean-Louis... Qu'ils ne doutent pas que cela n'a jamais été mon intention de choquer qui que ce soit !
OUF ! C'est dit.
Tiens, en prime pour remercier ceux qui auront eu a patience d'aller jusqu'au bout de cette interminable chronique : Une planche vintage inédite, façon "weeklies" américain d'un extrait de résumé de Tom et William.
Les éditions ROA sont mortes... Longue vie aux ROA !